LE BLASPHÈME CONTRE L’ESPRIT NE
SERA PAS PARDONNÉ
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Matthieu 12.31-32
Yves I-Bing Cheng, M.D., M.A.
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La patience de Dieu à l’égard de l’homme
pécheur est l’un des aspects les plus encourageants du message chrétien. Tous
peuvent recevoir le pardon divin. La Bible nous révèle de façon surprenante
que Dieu a même choisi de retarder la seconde venue du Christ afin de laisser
le plus de temps possible aux hommes l’occasion de se repentir (2Pierre 3.9).
Mais la miséricorde de Dieu a des limites. Il y a en effet un péché qui ne
peut pas être pardonné. Jésus l’appelle ‘le blasphème contre l’Esprit.’ Il
s’agit d’une offense qui est sans remède. Regardons l’enseignement de Jésus
sur ce sujet.
Matthieu 12.31. C’est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera
pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point
pardonné.
32 Quiconque
parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque
parlera contre le Saint–Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni
dans le siècle à venir.
Deux
sortes de blasphème
Ce
passage fait une distinction très nette entre deux catégories de blasphème.
Il y a le blasphème contre le Fils de l’homme et le blasphème contre l’Esprit
de Dieu. Dans le premier cas, le péché est commis contre le Fils de l’homme.
Qui est le Fils de l’homme? Il s’agit bien sûr du Seigneur Jésus. Tout
blasphème et tout péché contre Jésus pourra être pardonné aux hommes. Mais le
blasphème contre le Saint-Esprit ne peut pas être pardonné. Le blasphème est
un crime qui consiste à tenir des propos diffamatoires et outrageants contre
quelqu’un. On attaque la réputation d’une personne par des paroles
injurieuses. Lorsque nous plaçons les versets 31 et 32 l’un à côté de
l’autre, nous notons que ‘le blasphème contre l’Esprit’ est défini par
l’action de ‘parler contre l’Esprit Saint.’ Nous insultons ainsi la personne
du Saint-Esprit.
Donc,
tous les péchés sont pardonnables, sauf un. Il n’y a pas de pardon pour
quiconque parlera contre l’Esprit. Avant d’explorer la signification de ce
terrible péché, je crois qu’il serait utile d’expliquer pourquoi le blasphème
contre Jésus peut être pardonné alors que ce n’est pas le cas pour le
blasphème contre l’Esprit.
En
effet, comment se fait-il que vous pouvez parler en mal contre le Fils de
l’homme, de pécher contre Jésus, et avoir encore la possibilité de bénéficier
du pardon tandis que le blasphème contre l’Esprit, lui, n’est pas
pardonnable? Ne trouvez-vous pas étrange que Jésus établisse une différence
entre ces deux sortes de péché? Considérez la question de cette façon.
Lorsque vous parlez contre Jésus, ne parlez-vous pas aussi contre Dieu? Et en
insultant Dieu, vos paroles ne sont-elles pas aussi dirigées contre l’Esprit
Saint? Suite au mensonge d’Ananias et Saphira, l’apôtre Pierre affirma que
mentir au Saint-Esprit, c’est mentir à Dieu (Actes 5.3-4). Alors comment
expliquer la si grande différence entre le blasphème contre Jésus et le
blasphème contre l’Esprit? Le degré de culpabilité n’est-il pas le même dans
les deux cas?
Pécher
par ignorance
Jean
le Baptiste dit à la foule en Jean 1.26, ‘Il y a quelqu’un au milieu de vous
que vous ne connaissez pas.’ Jésus se trouvait au milieu d’eux, en chair et
en os, bien qu’ils ne le connaissaient pas. Ils ne le reconnaissaient pas
comme le Messie. Certaines personnes, par leur ignorance de la véritable
identité du Christ, ont peut-être injurié le Seigneur. Or un péché commis par
ignorance est pardonnable. Tout péché contre Jésus, même celui de le
crucifier sur la croix, peut être pardonné. Souvenez-vous de ses paroles au
moment de sa crucifixion. Père, pardonne–leur, car ils
ne savent ce qu’ils font (Luc 23.34). Ils ne
savaient pas ce qu’ils faisaient. Ils ne savaient pas qu’ils mettaient à mort
le Messie. Ce péché, qu’elle qu’en fût la culpabilité, Dieu pouvait le
pardonner parce qu’ils avaient agi par ignorance. Il est important de bien
observer ce point.
Cela signifie, par contraste, que le
péché contre le Saint Esprit ne peut pas être commis par ignorance. Lorsque
vous commettez une telle faute, vous n’êtes plus dans l’ignorance. Il y a
donc ici une distinction entre la méconnaissance de la personne du Christ et
le rejet délibéré et persistent de sa divinité après l’avoir connue. Nous
reviendrons sur le péché impardonnable dans un moment.
Je peux ainsi pécher contre Jésus par
ignorance, sans savoir qui il est vraiment. Le nom de Jésus ne signifie rien
pour moi. Je peux mépriser les chrétiens. Je peux attaquer l’église. Je peux
ridiculiser le christianisme. Malgré tout cela, je peux encore bénéficier du
pardon de Dieu. Paul a bien connu cette expérience-là. L’apôtre Paul avoue en
1Timothée 1.13 qu’il a été un blasphémateur envers Dieu avant qu’il ne se
convertisse. Il dit, Moi qui étais auparavant un blasphémateur, un
persécuteur, un homme violent. Mais j’ai obtenu miséricorde, parce que j’agissais
par ignorance, dans l’incrédulité. Par ces paroles, Paul reconnaît
trois fautes : il a blasphémé, persécuté et attaqué Jésus. Malgré tous
ses torts, Dieu lui a quand même manifesté sa miséricorde. Pourquoi le
Seigneur lui a-t-il pardonné ses péchés? Parce que Paul a persécuté l’église
‘par ignorance’ et ‘dans l’incrédulité.’ L’ignorance et l’incrédulité ne
peuvent excuser les actes outrageux de Paul envers les croyants mais elles
expliquent pourquoi Dieu l’a traité avec miséricorde.
En nommant ses propres péchés, Paul
montre qu’il n’était pas un pécheur opiniâtre. Il n’a pas péché contre
l’Esprit Saint même si on pourrait qualifier sa conduite de barbare.
Voyez-vous, son cœur n’a jamais cessé d’être ouvert à Dieu. Il ne savait pas
que Jésus était le Christ. En persécutant les chrétiens, il pensait
sincèrement rendre service à Dieu. Il croyait vraiment que la foi chrétienne
était opposée au Jéhovah de l’AT. Avec tout le zèle et l’énergie qu’il
possédait, il a alors cherché à défendre l’honneur de Dieu en faisant mourir
les chrétiens (Philippiens 3.6). Mais il s’agissait d’un zèle qui reposait
sur un mauvais fondement. Et en ce sens, il a agit par ignorance, sans savoir
que son zèle causerait tant de tort à Dieu.
L’apôtre Paul s’est toujours efforcé
d’avoir une conscience sans reproche. Il s’agit-là d’une règle de conduite
qu’il s’est exercé à appliquer tout au long de sa vie, même avant qu’il ne
devienne chrétien. Il déclara devant le sanhédrin en Actes 23.1, Hommes
frères, c’est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu’à
ce jour devant Dieu. Il répéta la même chose en Actes 24.16. C’est
pourquoi, moi aussi, je m’exerce à avoir constamment une conscience
irréprochable devant Dieu et devant les hommes.
Un récepteur spirituel
La question de la conscience est
extrêmement importante dans la relation de l’être humain avec Dieu. Pourquoi
est-elle importante? Il faut savoir que Dieu utilise la conscience pour
parler aux hommes. Mais qu’est-ce que la conscience? Définie simplement, la
conscience est un agent intérieur qui porte des jugements de valeur morale
sur les motivations et les actions d’une personne. Elle ne provient ni de
notre éducation ni de la société, bien qu’elle puisse en être influencée. Il
s’agit avant tout d’une faculté humaine innée. Tous les hommes
naissent avec une certaine capacité d’évaluer le caractère juste ou injuste
d’une situation ou d’une action. C’est pourquoi un individu, même s’il ne
connaît pas Dieu, peut éprouver des remords après avoir mal agi. La
conscience constitue le dernier lien par lequel un contact avec le divin est
encore possible, même si la personne vit dans le péché. En Romains 2.15, Paul
lie le témoignage intérieur de la conscience à la loi de Dieu écrite dans
tout cœur humain. Quand les païens, qui n’ont point la loi, font
naturellement ce que prescrit la loi … ils montrent que l’œuvre de la loi est
écrite dans leurs cœurs, leur conscience en rendant témoignage… Ce
verset nous montre que le non-chrétien, même s’il ne connaît pas la loi de
Dieu, accomplit les préceptes de cette loi lorsqu’il écoute la voix de sa
conscience.
L’apôtre Paul est un homme qui n’a
jamais cessé d’ouvrir sa conscience à Dieu, même avant sa conversion. C’est
pourquoi Dieu a pu le toucher d’une manière si puissante sur la route
conduisant à Damas. Du point de vue biblique, il est clair que la conscience
joue un rôle crucial dans l’expérience de la conversion. Si Paul avait ignoré
le témoignage de sa conscience, il n’aurait pas été en mesure d’être sensible
à la voix de Dieu. De la même manière, Dieu nous parle encore aujourd’hui au
travers de notre conscience.
Ceci étant dit, il ne faudrait toutefois
pas mettre sur le même pied la conscience et la voix de Dieu ou la loi de
Dieu. La conscience n’est pas la voix de Dieu. Elle n’est pas toujours
fiable. La conscience rend témoignage aux normes morales des autorités qui
l’ont inspirée mais comme dans le cas de tout témoin, le témoignage de la
conscience peut être erroné. Il est possible par exemple qu’elle ait mal
interprété les normes sur lesquelles reposent son témoignage, que ces normes
soient chrétiennes ou non. On se souviendra du zèle fautif de Paul. Donc la
conscience n’est pas la voix de Dieu, mais la voix de Dieu peut certainement
instruire la conscience. Notre conscience se compare ainsi à un récepteur
spiritual, capable de capter les signaux émis par Dieu.
Réduite au silence
Lorsque nous agissons à l’encontre de
notre conscience, il se produit quelque chose en nous qui nous rend inconfortables.
Ce sentiment se traduit souvent par du remords, du regret ou de la
culpabilité. Mais nous ne sommes pas obligés d’écouter notre conscience. Il
suffit tout simplement de la réduire au silence, un peu comme on le ferait en
baissant le volume de la radio. Nous avons tous déjà entendu parler de ces
criminels chez qui le sens moral semble totalement absent. Ils continuent à
proclamer leur innocence même après leur emprisonnement. Ces cas sont des
exemples extrêmes où la conscience a été complètement insensibilisée. En
supprimant le témoignage de la conscience, il est possible de commettre les
crimes les plus haineux sans avoir le sentiment d’avoir mal agi.
Le chrétien peut aussi refouler sa conscience.
La Bible nous enseigne qu’une bonne conscience a un rôle très important à
jouer sur le plan de la foi et que la suppression de son activité entraîne
inévitablement d’importantes perturbations spirituelles. À cet effet, Paul
établit un lien étroit entre la foi et la conscience. En 1Timothée 1.5, il
écrit, Or la fin de l’ordonnance, c’est l’amour qui procède d’un cœur pur
et d’une bonne conscience et d’une foi sincère. L’amour est
le but suprême de la rédemption. Pour que l’amour de Dieu soit répandu dans
nos cœurs, trois conditions sont nécessaires : un cœur pur, une bonne
conscience et une foi sincère. Sans un cœur pur, vous ne pouvez pas avoir une
bonne conscience. Et si vous n’avez pas une bonne conscience, comment votre
foi peut-elle être sincère? Il y aurait lieu de questionner votre foi si
votre conscience vous accuse sur une base régulière. Foi et bonne conscience
vont de pair et doivent toujours être en harmonie.
Quel
est donc le danger que court celui qui ne prête pas attention à sa conscience?
Continuons à lire ce passage. En 1Timothée 1.18-19, Paul écrit ceci. Je te
confie cette ordonnance, mon enfant Timothée … afin que par elles tu
combattes le bon combat, gardant la foi et une bonne conscience
(notez à nouveau le lien entre foi et conscience), que quelques–uns
ayant rejetée, ils ont fait naufrage quant à la foi. Certains
individus ont fait naufrage par rapport à la foi parce qu’ils n’ont pas voulu
écouter les avertissements de leur conscience. Ainsi le rejet de leur
conscience a causé le naufrage de leur foi, tel un navire qui frappe un
rocher et coule. Autrement dit, ils ont perdu la foi.
Voilà
un très sérieux avertissement. ‘Quelques-uns ont rejeté leur conscience.’ Le
mot grec pour ‘rejeté’ (apotheomai) désigne un geste énergique. Il
signifie ‘repousser avec force.’ Il s’agit donc d’un acte délibéré, et non
pas d’une négligence passive comme pourraient suggérer les traductions où on
retrouve le terme ‘perdu’ ou ‘abandonner’ (Cette
conscience, quelques–uns l’ont perdue – Louis Segond). Lorsqu’une personne repousse
constamment sa conscience, celle-ci s’expose à un danger terrible : le
naufrage de sa foi. Sa foi sera perdue, détruite à jamais. En d’autres mots,
le fait de tourner le dos à sa bonne conscience conduira inévitablement à l’anéantissement
de la foi si rien ne change. Et j’aimerais vous faire remarquer qu’on ne peut
pas parler de naufrage sans qu’il y ait un navire qui sombre. De la même
façon, le naufrage de la foi ne peut pas se produire sans qu’il y ait au
préalable une foi véritable. Ceux qui ont fait naufrage par rapport à la foi
devaient être de vrais croyants, de disciples qui ont connu la foi et qui
maintenant l’ont perdue.
Un acte volontaire
Retournons au péché qui consiste à
blasphémer contre le Saint Esprit. Certains disent que ce péché n’est commis
que par des chrétiens. Le non-chrétien, ne connaissant pas le Saint Esprit,
ne peut pas se rendre coupable d’un tel crime. Je suis loin de partager cette
opinion. Je ne crois pas que le péché contre l’Esprit doit nécessairement
être limité aux croyants. Il est possible pour un individu, même s’il n’a
jamais entendu parlé du Saint Esprit, de commettre ce péché.
Je
m’explique. Cet avertissement, Jésus l’a adressé avant tout aux pharisiens.
Au v. 24, nous voyons que ce sont eux qui ont dit, Cet homme (Jésus) ne
chasse les démons que par Béelzébul, prince des démons. Les pharisiens
ont attribué à Satan les œuvres du Seigneur. Et c’est en réaction à cette
fausse accusation que Jésus soulève la question du péché impardonnable. S’il
y a un groupe de personnes qui ont pu commettre ce péché, ce sont bien les
pharisiens. Or les pharisiens n’étaient pas pour la plupart des croyants dans
le sens d’être des disciples de Christ. Ils pratiquaient la religion avec
beaucoup de minutie, certes. Ils connaissaient l’existence de l’Esprit de
Dieu mais ils n’étaient pas sauvés pour autant. Jésus les accuse d’avoir un
cœur malsain, les qualifiant au v. 34 de ‘vipères’ à cause de leurs paroles
malveillantes. Il va jusqu’à les prévenir du crime impardonnable qu’ils
étaient sur le point de commettre.
Comment
les pharisiens ont-ils pu se rendre jusque-là? Voilà une question fort
importante et nous allons tenter d’y répondre en regardant le passage
parallèle dans l’évangile de Marc. Le Seigneur Jésus dit en Marc 3.29, Quiconque blasphémera contre le Saint–Esprit n’obtiendra jamais de
pardon : il est coupable d’un péché éternel. Vous vous souviendrez que dans l’évangile de Matthieu, nous avions la
phrase, Il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à
venir (Matthieu 12.32). Ce verset a exactement la même
signification que celui en Marc. Il est coupable d’un péché éternel. Le péché
éternel est donc un péché pour lequel il n’y a pas de pardon. Il ne pourra
jamais être effacé, ni dans cette vie ni dans le monde à venir.
Marc nous explique pourquoi les
pharisiens et les scribes sont en danger de subir ce redoutable jugement. V.
30 : Jésus parla ainsi (à propos du péché éternel) parce
qu’ils disaient : Il est possédé d’un esprit impur. En attribuant au
diable les miracles accomplis par Jésus, ceux-ci avaient péché contre le
Saint Esprit. Prenez note que les pharisiens n’ont même pas mentionné le nom
du Saint Esprit. Alors comment ont-ils pu blasphémer contre lui? Et bien, ils
ont attaqué le Saint Esprit par insinuation. Les pharisiens avaient
accusé Jésus de faire des prodiges par la puissance du diable. En vérité,
c’est par la puissance de l’Esprit que Jésus opérait les miracles (Matthieu
12.28). Les pharisiens qualifiaient donc le Saint Esprit de Satan! C’est
pourquoi Jésus lança un sévère avertissement à tous ceux qui, comme eux,
blasphémeraient contre l’Esprit de Dieu.
Mais pourquoi, en agissant de la sorte,
se rend-on coupable d’un péché éternel? La réponse est bien simple. Examinez
la situation. Pensez-vous que les pharisiens et les scribes ont accusé Jésus
dans l’ignorance de ses pouvoirs divins? Pas du tout. Ils ont refusé
d’admettre la vérité, sachant fort bien que la puissance de Jésus ne pouvait
pas provenir de Satan. Ils ont délibérément discrédité le travail de l’Esprit
même s’il n’y avait pas d’autres façons d’expliquer l’exorcisme dont ils
venaient d’être témoins. Ils savaient pertinemment que la puissance de Dieu
était en Christ dans ce miracle mais ils ont quand même nié cette vérité en
déclarant publiquement que Jésus détenait son pouvoir du diable.
Ceux dont la conscience est cautérisée
Vous voyez que nous insistons sur la
nature intentionnelle du comportement des pharisiens. Leur attitude démontre
qu’ils avaient déjà pris position sur l’origine de l’exorcisme. En attribuant
à la puissance de Satan le miracle de Jésus, il est évident qu’ils se sont
rangés du côté du diable. Au lieu de reconnaître que Jésus agissait bien en
chassant les démons, ils l’accusèrent d’être mauvais. C’est pourquoi le
Seigneur Jésus poursuit son discours en évoquant de façon répétée le bien et
le mal du v. 33 au v. 37. Voici ce qu’il dit.
Matthieu 12.33. Ou faites l’arbre bon et son fruit bon,
ou faites l’arbre mauvais et son fruit mauvais, car l’arbre est
connu par son fruit.
34 Race de vipères, comment, étant méchants,
pouvez–vous dire de bonnes choses ? car de l’abondance du cœur la
bouche parle.
35 L’homme bon, du bon trésor,
produit de bonnes choses, et l’homme mauvais, du mauvais
trésor, produit de mauvaises choses.
36 Et je vous dis que, de toute parole
oiseuse qu’ils auront dite, les hommes rendront compte au jour de
jugement ;
37 car par tes paroles tu seras justifié, et
par tes paroles tu seras condamné.
Prenez note du contraste entre le bien
et le mal dans ce passage. Un arbre bon et un arbre mauvais. Un fruit bon et
un fruit mauvais. Un homme bon et un homme mauvais. Un bon trésor et un
mauvais trésor. De bonnes choses et de mauvaises choses. Ce qu’il faut
retenir de cette observation, c’est qu’il y a un choix à faire entre le bien
et le mal. Ou bien vous vous associez à ce qui est bon, ou bien vous
choisissez le mauvais côté des choses.
Au v. 34, nous lisons la phrase, C’est
de l’abondance du cœur que la bouche parle. La parole est la révélation
de ce qui remplit le cœur de l’homme. Elle montre si son cœur est plein de
bonnes choses ou si ce sont de mauvaises choses qui débordent de son cœur.
Les pharisiens ont commis un grave péché et leurs paroles sont le juste
reflet du caractère mauvais de leur cœur. Que mettent-elles en évidence
exactement? Elles montrent qu’ils ont préféré le mal au bien. Remarquez cette
étrange expression au v. 35. L’homme bon tire de bonnes choses de son bon
trésor, et l’homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor.
Un ‘mauvais trésor.’ Comment un trésor peut-il être mauvais? L’homme méchant
s’attache aux choses mauvaises. Il les amasse comme on accumule un trésor. Or
un trésor n’est constitué que de choses précieuses à vos yeux. Un trésor
n’est pas un trésor s’il ne contient pas ce que vous estimez. Aussi illogique
que cela puisse être, l’homme aime choisir ce qui est malsain. Nous lisons en
John 3 la vérité selon laquelle les hommes préfèrent l’obscurité à la
lumière. Autrement dit, ils ont une préférence pour le mal. Et au fur et à
mesure que vous laissez le mal envahir votre vie, accumulant un mauvais
trésor plutôt qu’un bon trésor, votre cœur s’endurcira graduellement. Puis un
jour, vous fermerez l’oreille à la voix de votre conscience. C’est à partir
de ce moment que le naufrage de la foi risque de se produire.
Les miracles accomplis par l’Esprit
prouvent que le règne de Dieu se manifeste déjà parmi les hommes. Jésus dit
en Matthieu 12.28, Si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons,
le royaume de Dieu est donc venu vers vous. Les pharisiens n’étaient pas
sans le savoir. Mais ils ont persisté à méconnaître le Messie. Ils ont ignoré
leur conscience et refusé d’admettre l’évidence. En se comportant de la
sorte, ils ont blasphémé contre l’Esprit Saint.
Qui donc peut commettre le péché
impardonnable? Celui dont la conscience a été rendue insensible. L’apôtre
Paul le décrit comme étant une personne avec une ‘conscience cautérisée.’
C’est le terme qu’il emploie en 1Timothée 4.1-2. Or l’Esprit dit
expressément qu’aux derniers temps quelques–uns apostasieront de la foi,
s’attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons, disant
des mensonges par hypocrisie, ayant leur propre conscience cautérisée.
C’est-à-dire, brûlée par un fer chaud. Notre conscience est comparée à la
peau. Un morceau de fer rougi au feu qui vient en contact avec la peau cause
la destruction des terminaisons nerveuses. Cette peau perd alors toute
sensibilité. De même, si un homme fait constamment taire sa conscience,
celle-ci devient de moins en moins sensible, et elle finit par ne plus rien
sentir. Elle est détruite, cautérisée. La destruction de la conscience rompt
la communication entre Dieu et l’homme. L’Esprit Saint ne peut plus lui
parler. Un tel individu peut commettre le mal sans se faire aucun scrupule.
Il ne cherchera pas à demander pardon pour ses torts. S’il ne voit pas la
nécessité du pardon, comment pourra-t-il alors être pardonné? Il ne pourra
jamais être pardonné puisque le pardon est un acte de grâce auquel on doit
répondre par la repentance (Luc 24.47; Actes 2.38). Celui qui commet le péché
impardonnable n’est plus amené à la repentance car il a détruit sa
conscience.
Sans retour
possible
Le terme ‘conscience’ est absent de
l’AT. Cependant, l’idée de la conscience y est certainement présente.
Regardons deux passages de l’AT qui font allusion à l’activité de la
conscience. Le premier texte se trouve en 2Chroniques 36.15-16.
2Chroniques 36.15. Et l’Éternel, le Dieu de leurs pères, envoya vers
eux par ses messagers, se levant de bonne heure et envoyant, car il avait
compassion de son peuple et de sa demeure.
16 Mais ils se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses
paroles, et se raillaient de ses prophètes, jusqu’à ce que la fureur de
l’Éternel monta contre son peuple et qu’il n’y eut plus de remède.
Prenez bien note de ces derniers mots,
‘jusqu’à ce qu’il n’y eut plus de remède,’ jusqu’à ce qu’il n’y eut plus
aucun espoir de guérison, jusqu’à ce que le pardon ne fut plus possible. Le
peuple de Juda fit ce qui est mal aux yeux de l’Éternel. Mais Dieu s’est
montré patient et miséricordieux. Il leur envoya de nombreux avertissements
par la voix de ses prophètes. Toutefois personne n’a voulu les écouter. Ils
se sont même moqués des envoyés de Dieu et ont méprisé leur message. La
situation s’est poursuivie jusqu’à ce que l’irritation de Dieu atteigne le
point de non-retour. Juda ne pouvait plus bénéficier de la clémence de Dieu.
Le Seigneur ne pouvait plus continuer à pardonner ses péchés. La mise en
œuvre de son jugement s’est traduite par la destruction du royaume de Juda
quand le roi de Babylone a décidé de faire sentir la puissance de son bras au
peuple hébreu. Ceux qui ont réussi à échapper au fer de cet envahisseur
furent déportés en Babylonie.
‘Jusqu’à ce qu’il n’y eut plus de
remède.’ La gravité de ces mots se reflète également dans la phrase exprimée
en Proverbes 29.1. Voici ce qui est écrit.
Proverbes 29.1. Un homme qui mérite d’être repris, et qui raidit le cou,
sera brisé subitement et sans remède.
L’homme dont il est question ici a été
réprimandé à plusieurs reprises, mais comme le peuple de Juda, il n’a pas
voulu écouter. Il a refusé obstinément de tenir compte des reproches. On peut
dire qu’il avait un cou raide, un cœur endurci, ou encore une conscience
cautérisée. Tous ces termes décrivent la même attitude. Cet homme finira par
être ‘brisé’ de manière irrémédiable. Le mot hébreu pour ‘brisé’ est employé
dans d’autres passages en rapport avec un vase qui se casse ou qui se brise
en de nombreux morceaux. Le dommage est tel que toute tentative de réparation
s’avère futile. Il n’y a aucun espoir de remettre les morceaux ensemble. Les
péchés de cet homme ne peuvent plus lui être pardonnés.
Dieu
est riche en miséricorde. Il ne prend aucun plaisir à condamner les méchants.
Il préfère la miséricorde au jugement. Mais lorsqu’un individu endurcit son
cœur contre la volonté de Dieu, ignorant sciemment le témoignage de sa
conscience, il met en péril sa condition spirituelle. Il est possible
d’atteindre un point de non-retour où il ne peut plus être sauvé. Ne pouvant
plus être repris par sa conscience, il n’arrive plus à distinguer le bien du
mal. Cet endurcissement empêche la grâce de Dieu d’agir dans son cœur. Sans la
repentance, il ne peut pas être pardonné. Le péché impardonnable est donc la
résistance délibérée et persistante au témoignage de la conscience au point
d’entraver définitivement l’action du Saint Esprit. Dieu seul sait si ce
seuil a été franchi chez une personne.